UNO

Pour cette nouvelle saison de l’école d’aventure, il était prévu de commencer par un week-end intégration à Vallorcine (avec une petite surprise que je garde) afin que cette nouvelle équipe d’aventuriers créent des liens qui permettront de lancer la dynamique de groupe pour l’année. Seulement, grâce à notre splendide météo de septembre 2024, camper sous la neige à presque zéro degré semblait un peu rude pour une première sortie. Il fallait donc activement chercher une solution de repli dans un logement en dur et à un prix abordable (le budget du groupe n’étant pas illimité). C’est grâce à un de mes compagnons d’aventures alpines, Jean, que la solution est venue. Pendant plusieurs années, il a activement contribué à rénover un chalet à Flumet « la-barme » dans le cadre d’une association (Groupes Bibliques Universitaires). Aussi quand je lui demande si nous pouvons louer le chalet, et il me recommande chaleureusement au gestionnaire, Rémy, qui accepte notre demande. Je les remercie vivement tous les deux, car sans eux, le week-end était perdu.

Samedi 20 septembre, comme d’habitude, le groupe se retrouve au gymnase de Groisy. Cette année, il y a huit aventuriers : Lucas, Martin, et Nathan (les survivants de la première saison), Maxens, Maddy et Paul que je connais bien, car j’ai le plaisir de les avoir en cours tous les mardis, ainsi que Jul et Fantine que je ne connais pas pour le moment. Lorraine est comme d’habitude de la partie. Elle organise une grande partie de la logistique, ce qui n’est pas une mince affaire !

Avec ce changement d’hébergement, il fallait aussi adapter les activités avec une météo délicate. Pour cette première journée, nous optons pour la via ferrata de Saint-Gervais. Cette sortie était prévue plus tard sur l’automne, car c’est une via ferrata assez soutenue. Idéalement, il aurait été plus confortable d’en parcourir une plus tranquille avant pour que les nouveaux aventuriers du groupe appréhendent la verticalité dans un contexte plus serein. C’était bien le plan initial, mais pas le choix. Le parcours de la via se situe sur les parois de la gorge du Bon Nant, torrent qui porte assez mal son nom, car le 12 juillet 1892 le village du Fayet situé en aval avait été rasé par une crue provenant de la rupture d’une poche d’eau du glacier de Tête-Rousse et qui était passée par cette gorge. Il y avait eu de nombreuses victimes. Aujourd’hui, le glacier est sous surveillance permanente !

Nous avons donc commencé par une révision (ou découverte) des consignes de progression en via ferrata, et en particulier, discuté de la nécessité d’utiliser des longes spécifiques… Puis, nous sommes partis vers le départ de la via. Malgré les températures assez fraîches, il y avait déjà plusieurs groupes engagés sur l’itinéraire. Les « anciens » (Lucas, Martin et Nathan) sont passés devant. Equipés d’une radio au cas où, ils sont suffisamment expérimentés pour prendre de l’avance et j’essaie de les encourager à prendre de l’autonomie. Le reste du groupe est resté quelques mètres en arrière sous « surveillance » dans un premier temps, mais voyant qu’ils étaient tous biens appliqués à respecter les consignes de sécurité, chacun a pu avancer à son rythme.

Après une succession de traversées assez faciles, mais avec une vue imprenable sur la cascade du Bon Nant, nous avons fait une pause déjeuner sur la passerelle des thermes. Ce fut l’occasion d’un premier petit moment d’échanges pour découvrir les centres d’intérêts de chacun. Puis, nous avons enchaîné sur la deuxième partie de la via, bien plus raide, où il ne faut hésiter à se reposer dès que l’occasion se présente pour éviter de se ruiner les bras ! La troisième partie cotée « très difficile » a refroidi quelques-uns des aventuriers qui avaient déjà bien donné musculairement et mentalement. Ils sont sortis avec Lorraine par la dernière échappatoire. Lucas, Martin, Nathan et Jul étaient encore assez motivés pour finir l’itinéraire et ils ont pu franchir les quelques passages déversants sans grande difficulté.  

Pendant que ce petit groupe terminait la via, Lorraine et nos quatre autres aventuriers sont allés ouvrir le chalet à Flumet. Les consignes pour l’ouverture se sont avérées être un vrai jeu de piste : une clef cachée sous une pierre pour ouvrir une grange où se trouve un coffre dans lequel il y a une énigme, pour trouver une boîte à clef avec des codes, etc. Bon, j’exagère mais c’était amusant. Nous les retrouvons un peu plus tard après un passage à la fruitière de Flumet.

Vers 17h00, c’est le goûter. Les brioches et gâteaux amenés par chacun sont engloutis en quelques minutes (ça dévore les ados !). Puis, nous profitons de la fin d’après-midi pour réviser quelques techniques de canyoning, comment construire un relais, descendre en rappel, etc. Enfin, petit feu de cheminée, douches et préparation du repas, nous nous retrouvons tous pour le dîner en début de soirée. Au menu : pâtes au thon et crumble, il n’y a pas plus économique pour nourrir une meute d’aventuriers (dixit Lorraine). Puis nous passons la soirée autour de quelques jeux, dont une belle partie de UNO qui aura visiblement fini de rapprocher tout ce petit groupe (je soupçonne qu’il y ait tout de même quelques tricheurs dans l’équipe ! 😉). Nous terminons la soirée à étirer les papiers de Chocobons, le but étant d’atteindre la plus grande longueur sans le déchirer. Bref une soirée bien sympathique !

Le lendemain, malgré la fraicheur, nous allons parcourir le canyon de Megève (la belle au bois). C’est un des canyons classiques de la région. Il est très beau et idéal pour l’initiation. Il y a de belles cascades, des tobogans et quelques sauts. Dans le même esprit que la veille, je laisse Lucas, Martin et Nathan constituer une cordée autonome (avec Lorraine tout de même). Ils partent devant. Le reste du groupe est avec moi. Deux petites cascades permettent de s’accoutumer à la descente en rappel en condition canyon. Puis c’est le grand rappel de 30 mètres, impressionnant pour les débutants. Fantine y laisse quelques plumes : coincement de cheveux dans le descendeur ; ce qui fut une belle démonstration de l’intérêt d’installer des rappels débrayables du haut en canyon. Maddy et Maxens font une descente super efficace. Jul et Paul surmontent leur appréhension et réussissent une belle descente. Après deux dernières petites cascades, tout le groupe est hors d’eau. Le groupe de tête a super bien géré leur descente. Lucas est particulièrement content d’avoir pu faire ce canyon en autonomie. Le dernier rappel a également été l’occasion de réexpliquer comment le dernier peut descendre sur deux points non reliés.

Après une petite marche de retour, nous rejoignons les voitures pour un gros gros goûter. Il faut dire que nous n’avons pas déjeuné et la perte calorifique dans l’eau pendant ces quelques heures de descente a creusé les estomacs. Le reblochon acheté la veille est dévoré en quelques instants.

Voilà, le week-end intégration n’était pas celui initialement prévu, mais j’ai le sentiment que l’aventure, le sport, et la camaraderie étaient au rendez-vous. Tout ceci est de bon augure pour la suite de nos sorties.