Toujours aussi beau.
Pas de doute, le parc national des calanques reste un des plus beaux sites d’escalade de France (voir d’Europe). Sandra et Pascal ont eu l’occasion de le découvrir ou de le « redécouvrir » concernant Vivian, lors d’un weekend prolongé du 1er au 3 octobre 2022.
La météo était en au rendez-vous pour cette sortie grimpe ainsi que tout un tas de touristes étrangers (allemands en particulier) qui contre toute attente ont rempli le camping de Cassis où nous avons l’habitude d’installer le camp de base. Heureusement, Pascal et Bernadette (son épouse) sont arrivés quelques jours avant nous et ont pu réserver un emplacement confortable pour notre petit groupe. A peu de choses près, c’était le camping sauvage (interdit dans les calanques…).
Bref, nous nous retrouvons comme convenu le samedi matin à 9h00 au Camping des Cigales. Après une vérification du matériel, nous refaisons un point sur la mise en place des relais. Même si les voies qu’il est prévu de grimper sont dites « sportives », bien souvent il faut savoir trianguler des points pour confectionner un relais. Puis nous partons vers la calanque de Sormiou pour grimper « Mélody », une des plus belles voies du massif dans ce niveau de difficultés (D/5c).
Au parking de la calanque, nous laissons Bernadette qui part randonner vers Morgiou. De notre côté, nous prenons la direction du Bec de Sormiou par le sentier noir afin de rejoindre (assez rapidement) une brèche qui permet de passer en face sud de la crête de Sormiou. Il faut passer par une étroite boite aux lettres pour franchir la crête, ce qui donne l’occasion de tester nos compétences de contorsionniste. Ici le spectacle est encore plus beau que dans la calanque elle-même. Nous avons une mer bleue à perte de vue avec comme paysage l’île de Riou et ses satellites. Après une descente par des mains courantes, nous rejoignons les premiers rappels où un jeune garçon de 14 ans (bien dégourdi) et son père s’apprêtent à descendre. Nous en profitons pour faire un petit point sur la descente en rappel. C’est une première pour Sandra qui grimpe seulement depuis un peu plus d’un an. Pour Pascal et Vivian, c’est la routine, mais restons vigilants ! Le premier rappel nous amène sur une belle plateforme. Sandra réussi sa première descente avec brio – toujours dans les bons coups celui-là ;-). Puis, il fallait s’y attendre, il y a déjà une cordée dans la voie. Le deuxième rappel est censé nous amener au raz de l’eau sur un relais exiguë. Mais le temps passe et la première de codée qui se trouve dix mètres en contre-bas n’arrive pas à passer. Je décide finalement de descendre tout le monde. Ce n’est pas idéal mais il faut « faire bouger les lignes ».
Comme prévu, nous sommes un peu serrés au relais, ça râle un peu, mais la cordée devant nous s’est réorganisée en changeant de leader. Après quelques minutes d’attente à admirer la mer, Pascal se lance en tête de notre première cordée, suivi de Sandra. Je prends la tête de la deuxième cordée pour pouvoir aider Sandra au cas où. Ils passent tous les deux comme des fleurs, pourtant c’est la longueur la plus dure sur le papier : 5c ! Quand Vivian nous rejoint, nous réorganisons les cordées pour qu’il puisse à son tour grimper en tête (une longueur en 5b+ un peu gazeuse). Suivi de Sandra, ils passent tous les deux tranquillement.
Nous avons rejoint la deuxième section de la voie constituée de magnifiques dalles sculptées. C’est un peu plus facile, Sandra prend la tête de la première cordée jusqu’à la sortie de la voie. Ceci lui donne l’occasion d’organiser ses relais et d’apprendre à assurer depuis le haut. Pour le retour, nous passons par la descente de « pyromaniaque » qui est un peu plus aérienne que le retour classique. Nous retrouvons Bernadette à la voiture après l’avoir attendue une grosse demi-heure. Elle était en train de bronzer dans une petite crique de la calanque alors que nous commencions à nous inquiéter ne la voyant pas arriver après une première bière… Voici, donc une première belle journée : une jolie voie, une belle météo (un peu chaud) et un apéro de fin de journée avec un cake aux olives préparé par Bernadette (il faut savoir se faire pardonner).
Notre petite équipe a tellement bien grimpé le premier jour que je propose un itinéraire beaucoup plus soutenu pour le deuxième jour. L’idée est de grimper la voie du Temple au socle de la Candelle et d’enchaîner sur l’arête de Marseille si tout le monde est encore forme à la sortie de la première voie. Le programme est assez ambitieux : 350m d’escalade avec plusieurs longueurs en 5c+/6a (Sandra n’a jamais grimpé de 6a en salle !). En plus nous avons au moins une heure de marche d’approche et presque autant pour le retour. La consigne principale est claire : « Mettez les frontales dans le sac ! ».
Nous partons donc de bon matin en direction de la calanque de Sugiton. Après une grosse heure de marche nous arrivons au pied de la voie (nous n’avons pas pu nous empêcher de faire les touristes en prenant des photos et en admirant le paysage). Vivian surnommé « œil de lynx » voit à 20 mètres de distance et à travers les fourrés, un minuscule « T » blanc peint sur le rocher indiquant le départ de la voie. Bluffant !
La première longueur donne le ton de la journée : il y a des fissures, mais c’est raide de raide ! En plus, même si l’équipement est dit « sportif mais aéré », c’est une vielle voie ouverte par le célèbre Livanos, alors je m’attends à devoir passer quelques vieux pas d’escalade qui ne seront pas faciles. Livanos est un fort grimpeur des années cinquante. La légende dit qu’il aurait ouvert mille voies dans les calanques dont la directissime de la concave en artif, cotée 8a+ en libre aujourd’hui. Notre tactique du jour est assez simple. Je serai en tête avec Sandra et j’ajouterai quelques sangles et friends afin de réduire l’engagement pour Vivian et Pascal qui formeront la deuxième cordée.
La première longueur est bien patinée, mais ça passe. La deuxième (5c) est plus soutenue avec un pas d’escalade assez engagé pour sortir du relais et une traversée peu commode. La troisième longueur est un vieux 5c+ (qui vaut bien un 6a d’aujourd’hui). C’est une belle fissure suivie d’un dièdre légèrement déversant sur la fin. Sandra se débrouille super bien. Derrière, Pascal avance tranquillement en tête de cordée. Il est content d’avoir eu des points de protection en plus mais je me dis qu’il aurait pu s’en passer.
La quatrième longueur est une traversée facile où Sandra doit malheureusement gérer un coincement de corde. Elle s’en sort très bien. La cinquième longueur (5b) est de nouveau une fissure très raide (moins patinée que celle du départ). Sandra et Pascal enchainent sans problème. Bravo ! Après une petite transition, nous sommes maintenant au pied du second 5c+, un dièdre avec un petit toit à franchir. Nous avons déjà bien pris de la hauteur, le vide commence à se faire sentir. Pascal est tellement à l’aise dans cette longueur qu’il manque la bifurcation à gauche et s’engage dans une fissure en 6a non-équipée! Il opère un demi-tour tactique après quelques mètres avec un peu d’adrénaline en plus dans le sang. La dernière longueur est plus facile (5b).
Après cette première partie, nous prenons le temps de déguster un bon saucisson. La vue est une juste magnifique. Requinqués, nous allons en direction de la Candelle, mais il est déjà tard et nous n’aurons pas le temps de gravir l’arête de Marseille. Nous nous contentons de faire la première longueur, un 5c où le rocher patiné donne des sueurs froides. Le mistral est tellement fort sur l’arête que nous sommes constamment désiquilibrés, donc pas de regret de faire demi-tour. Après un petit rappel, nous redescendons vers la base du socle de la Candelle et, après un peu de recherche d’itinéraire, retrouvons le sentier de randonnée en direction du parking. Nous sommes à la voiture tout juste après le coucher du soleil.
Dernier jour, après avoir plié les tentes, nous nous dirigeons vers Cap Canaille l’autre versant du parc national des calanques. Ici, le rocher est totalement différent. C’est du grès rouge agrémenté de sections en pouding. Nous commençons par deux rappels de 40 mètres plein gaz. C’est un peu l’ambiance Verdon : quand on descend, il faut être sûr de remonter… Notre voie du jour se nomme « Au gré du grès », 100 mètres d’escalade avec trois longueurs en 5c/5c+. Sandra et moi formons la première cordée. Vivian et Pascal alternent en tête dans la deuxième cordée. La première longueur est assez aérienne et la sortie présente un pas plus soutenu. Suit une transition puis une longueur facile. La dernière partie de la voie enchaine astucieusement entre les surplombs : 5c+, 5b+ et 5c.
Notre petit groupe avance avec efficacité dans ces longueurs bien raides. Le mélange des couleurs entre une mer bleue, la verdure de la forêt au pied des voies, et le rocher rouge est magnifique. Le seul bémol est le rocher qui a parfois tendance à nous faire quelques surprises : Oups j’ai cassé la prise… Nous finissons dans les temps vers 15h00. Le temps de grignoter un petit sandwich et il est déjà temps de repartir chez nous.
Bravo à Sandra pour ses premiers pas en grande voie et pour ses premières longueurs en 5c+/6a. Vivian et Pascal ont survolé les voies pendant tout le week-end, quelle progression depuis leur premier stage !